La crèche provençale
La crèche est l'une des nombreuses traditions que l'on retrouve partout en Provence.
Les premiers santons auraient été créés à Marseille par Jean-Louis Lagnel à la fin du XVIIIe siècle ; mais ces petites figurines de terre furent rapidemment concurrancées, dès les années 1830, par les santibelli italiens, en plâtre. Aujourd'hui, la région de Marseille-Aubagne demeure un foyer reconnu de fabrication de santons.
Au début, la crèche évoquait uniquement la Nativité, avec la Sainte Famille, le boeuf et l'âne, et les trois rois mages. Puis, petit à petit, elle s'est élargie et est devenue une représentation de la vie avec tous les petits métiers et les activités d'antan, mais aussi avec les paysages typiques de la Provence, ses mas de pierres, ses oliviers, ses figuiers ou ses champs de lavande.
Des scènes peuplées de nombreux petits personnages d'argile peints, originellement non cuits, appelés "santons" ("petits saints"). Parmi eux, nous trouvons Pistachier, le fripon garçon de ferme ; lou ravi, l'idiot du village ; l'arlésienne, inspirée par la Mireille ("Miréio" en provençal) de Frédéric Mistral ; lou tambourinaire, le joueur de tambour qui anime les pastorales ; lou pescadou (le pêcheur) ; lou bouscatié (le bûcheron) ; lou boulangié (le boulanger) ; lou boumian (le gitan. Le terme "boumian" est issu du nom de la montagnette aixoise, la Sainte-Baume", où vivaient nombre de tziganes)...
Frédéric Mistral et les félibres, puis Marcel Pagnol, auteurs provençaux du XIXe et XXe siècles, ont participé indirectement à la création de santons en inspirant les artisans-santonniers. Ainsi, figurent dans la crèche, à côté de Mireille, de nombreux personnages issus de leurs oeuvres, tels que le gardian (le gardien de taureaux camarguais) ; les joueurs de cartes... La pastorale Maurel, chantée et jouée lors des fêtes de Noël, a également inspiré des santons comme l'aveugle et son fils, ou Monsieur Jourdan et son épouse, la Margarido...
Mr Jourdaan et la Madrigo l'aveeugle et son fils
Mais attention pas curé ou d'ecclésiastique dans la crèche ! car, il y a 2 000 ans, lorsque naquit Jésus, il n'y avait pas d'ordres religieux chrétiens constitués ni de prélats. Et encore moins de Père Noël !
Tous sont rassemblés autour de l'humble étable (dans certaines régions, on fait naître Jésus dans une grotte), où Marie et Joseph attendent la venue de Jésus, et vers laquelle sont guidés les Rois mages apportant leurs présents (Melchior, le plus âgé, apporte de l'or, symbole de royauté ; Balthazar présente l'encens, rappelant la divinité du Christ, et Gaspar, le plus jeune, offre de la myrrhe qui renvoie aux souffrances et la Rédemption de Jésus).
La tradition du santon remonte à la 2e moitié du XVIIIe siècle, et veut qu'ils soient confectionnés en argile et mesurent environs 6 cms, mais ils en existent aussi en plâtre ou en cire, vêtus de costumes en tissu, et de tailles diverses. Certaines crèches sont même animées, comme celle, très belle, de Saint Saturnin-lès-Avignon, petit village à une dizaine de kilomètres d'Avignon
santon brut en argile
santons de cire, habillés, de style génois santons peints, naïfs
santons puces (2,50 cms)
crèche animée de St Saturnin